Une étude du Conseil d’analyse économique note une hausse notable du nombre de bars et de restaurants, au détriment des petits commerces d’habillement.
Les boutiques de vêtements cèdent la place aux restaurants. Si le nombre de petits commerces* a légèrement augmenté de 0,7% entre 2013 et 2019, tous ne sont pas logés à la même enseigne, rapporte une récente étude du Conseil d’analyse économique (CAE), groupement d’économistes chargé de conseiller le Premier ministre. Car la dynamique est largement du côté des bars et des restaurants: à eux seuls, ces derniers ont vu leur nombre augmenter de 7,1% sur la période. Si on les exclut du compte, les petits commerces diminuent de 1,9% sur ces années-là.
Le nombre de boutiques d’habillement et de chaussures « a chuté de près de 10 % entre 2006 et 2021 », souligne le CAE, qui évoque un « remplacement progressif » par les bars et les restaurants.
La dynamique est également loin d’être homogène sur le territoire français: les petits commerces gagnent du terrain aux périphéries des grandes villes, tandis qu’ils désertent les campagnes. Le nombre de petits commerces diminue de 0,3% dans les villes-centres et de 1,4% dans les villes isolées. Il dégringole aussi dans les communes rurales (-5,1%) mais progresse nettement dans les villes de banlieue (+4,8%). « Il n’y a que dans les banlieues que le nombre de petits commerces continue à croître plus vite que la population », détaille l’étude du CAE.
À noter: une « ville-centre » est une ville autour de laquelle s’est développée une agglomération urbaine de plus de 2000 habitants composée de plusieurs communes (les « banlieues » sont les autres communes de l’agglomération). S’il n’y a qu’une seule commune dans l’agglomération urbaine, on parle de « ville isolée ».
Forte baisse en milieu rural
Encore une fois, c’est le secteur de la restauration qui tire toute la croissance. Le nombre de bars et restaurants, à eux seuls, augmente de 5,1% dans les villes isolées, de 7,7% dans les villes-centres et même un peu plus de 10% dans les banlieues, tandis que la casse est limitée à -1% en milieu rural, précise l’étude. Si on exclut les bars et les restaurants, le nombre de petits commerces n’augmente que de 2,6% dans les banlieues, et diminue de 3,7% dans les villes isolées et de 3,8% dans les villes-centres. Et s’effondre (-6,9%) dans les communes rurales.
Par ailleurs, l’étude ne note pas de dégradation de la santé économique des petits commerces à la suite de la crise sanitaire, soulignant le rôle des aides financières mises en œuvre par l’État. Selon le CAE, les petits commerces en mauvaise situation financière étaient proportionnellement moins nombreux en avril 2023 qu’en novembre 2019, et inversement pour ceux en bonne situation financière. Plus inattendu, la situation financière des boulangeries et pâtisseries est « comparable » à celles des autres petits commerces, malgré la crise énergétique.
*Le « petit commerce » regroupe la vente de biens dans des magasins de petite taille implantés à proximité des lieux de vie, mais également l’artisanat commercial (charcuteries, boulangeries) et les services (salons de coiffure), ainsi que les bars et restaurants. Soit 1,824 million d’emplois salariés et 710.000 emplois non-salariés en 2019.
Jérémy Bruno Journaliste BFMTV